Da Nang : JCI et abus de protocole

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Nul n’est sans ignorer que j’aime bien battre le fer tant qu’il est chaud, tel ce bon vieux Cétautomatix. Giang m’informe qu’elle va prochainement participer en tant que Speaker à un « Training » JCI sur le sujet du Leardership, dans la ville de Đà Nẵng, à environ à 870 km de Biên Hòa. Quoi de mieux donc pour continuer sur ma lancée de découverte du monde de JCI ? Je vais pouvoir ainsi aborder une autre facette du JCI : après un projet à destination de la communauté, voici venu le temps des réunions et formations pour ses membres.

LEADERSHIP FORUM

Il s’agit d’un week-end entier de training et réunions, commençant le vendredi après-midi par un Team Building et finissant le dimanche en fin d’après-midi. Heureusement pour moi, je vais quand même échapper au Team Building (les activités dans le monde de l’animation j’en ai eu ma dose !) et je vais me concentrer uniquement sur les journées de samedi et dimanche.
Point important à noter : les vendredis et samedis soirs auront lieu des repas. Il me faudra donc troquer mon costume de forgeron pour quelque chose de plus habillé. Petit hic, en bon voyageur je n’ai évidemment emporté aucun habit classe à me mettre (non pas que j’ai vraiment l’habitude d’en avoir à la maison mais bon).

Aucun problème ! Thái, le père de Giang peut venir cette fois-ci à ma rescousse en me prêtant un de ses costumes. La coupe est un peu datée, le costume me va un poil trop grand, mais cela fera amplement l’affaire. De quoi avoir la classe à Dallas Đà Nẵng.

Session essayage dans la cuisine à Biên Hòa

D’ailleurs, je suis plutôt content de pouvoir rentrer (et même avoir de la marge) dans le costume d’un Vietnamien parce que j’ai pu observer que les Vietnamiens dans l’ensemble sont très minces. Après une rapide vérification, le Vietnam compte en effet parmi les pays les moins obèses de la planète. Ceci est dû, à mon humble avis, à leur régime principalement à base de riz, nouilles et bouillon de légumes.

Après avoir encore pris l’avion et aggravé mon empreinte carbone qui commence peu à peu à ressembler à celle de Taylor Swift, nous voilà enfin arrivés dans la salle assez chic du non moins chic hôtel Nhu Minh Plaza, qui accueillera l’évènement JCI tout au long du week-end. En plus des trois speakers, cinq invités de marque de la grande confrérie JCI font l’honneur d’être présents ce week-end :

  • Le président National du JCI Vietnam (que j’ai déjà rencontré au barbecue à Đà Lạt)
  • Deux invités de Malaisie, dont la Présidente Nationale de JCI Malaisie 2002
  • Une invitée d’Inde : la Présidente Nationale de JCI Inde 2021
  • Un invité du Japon responsable de la coordination inter-asiatique

Mais Benjamin me direz-vous, pourquoi donc prends-tu le temps de nous donner les titres des invités ? Et bien bonne question vous répondrais-je, décidément vous êtes plutôt perspicaces. Je vous avais déjà dit que le monde du JCI était très protocolaire et que les gens s’appelaient souvent par leurs titres en signe de respect. Par exemple, ci-dessous vous avez les LP (Local President) qui portent les chaines des élus JCI, tout en reproduisant les maillons d’une chaine en se tenant les mains.

TROP DE PROTOCOLE TUE LE PROTOCOLE

Mais vis à vis des protocoles, j’étais encore bien loin d’imaginer jusqu’où les membres du JCI pouvaient pousser le délire. Imaginez-vous ainsi, un week-end principalement rythmé par des réunions et des interventions des différents speakers . Soit. Sauf que j’étais encore bien loin de réaliser quelles proportions ça pouvait prendre. Dites-vous bien que beaucoup de gens différents ont pris la parole. Souvent pour ne pas parler très longtemps. Par contre, à chaque fois, et je dis bien À CHAQUE FOIS, que quelqu’un de différent prend la parole, cette même personne se sent obligée de redonner les noms de tous les invités présents ce jour-là. J’ai même souvent l’impression que dans la plupart des cas les remerciements sont en fait plus courts que l’énumération des différents invités. Au bout de la troisième fois ça me fait toujours un peu rire, mais par contre quand ça dure tout le week-end j’avoue arriver un peu à saturation.

A chaque prise de parole, le speaker énumère tous les noms des invités et leurs titres. Ceux-ci doivent alors à chaque fois se lever et saluer

Pire encore, il semblerait que toutes les occasions soient bonnes pour prendre la parole et essayer d’entamer un petit discours. J’en veux pour preuve que moi je croyais qu’une fois arrivé au diner, je pourrais enfin commencer à manger une fois assis à table. Que nenni, c’était sans compter les nombreux discours d’avant diner, au cas où ça nous aurait manqué pendant toute la journée !
Ce repas sera aussi l’occasion pour moi de découvrir que les Vietnamiens ont décidément un truc avec les glaçons. En fait, de nombreux serveurs étaient présents pour assurer le service du repas. La mission d’un petit nombre d’entre eux semblait se concentrer uniquement autour d’un seul objectif : s’assurer qu’un (énorme) glaçon soit constamment présent dans le verre de tous les invités, peu importe s’ils boivent de l’eau ou de la bière, il faut qu’il y ait un glaçon !
Même si j’ai quitté le monde de l’animation il y a déjà quelques années, et que je n’ai pas participé au Team Building, je n’ai pas pu y chapper et j’ai quand même eu droit aux activités du genre. L’une des missions aura été de construire dans un temps imparti une petite maison uniquement avec du papier journal et du scotch (tel le matériel de base de l’animateur socio-culturel). Une fois construite, la maison doit pouvoir résister aux intempéries : le reste des membres reproduisent des bourrasques de vent en éventant leurs feuilles devant les maisons. Bon j’avoue que moi j’ai fait un peu overdose de ce genre d’activités. Mais force est de constater que tous les membres font de leur mieux pour m’inclure : on me met à la table de membres qui parlent bien mieux anglais que les autres (les évènements JCI sont un bon entrainement pour les membres pour parfaire leur anglais) ou encore on me demande fréquemment si tout va bien de mon côté, les membres vietnamiens comme les speakers malaysiens. Faut dire qu’une fois encore, je suis vraiment le seul non asiatique de toute la salle, qui compte plus d’une centaine de personnes. Et puis l’ensemble des membres est ravi que je puisse découvrir le JCI.

VOUS AVEZ DIT JCI ?

Mais Benjamin me direz-vous une nouvelle fois, tu parles beaucoup du JCI, j’ai l’impression que ce mot revient souvent dans ta bouche. Eh bien en effet, mais pas que dans la mienne. Si certains gourous de sectes emploient la technique de répéter les mêmes phrases jusqu’à des milliers de fois par jour pour mieux les ancrer dans le cerveau de leurs disciples, il semblerait que les membres du JCI ait adopté la même stratégie. Dans toutes les phrases, à tout bout de champ voire même au milieu de n’importe quel champ. J’entends ce mot en boucle et j’ai l’impression de subir un lavage de cerveau parfois. Ok je comprends que faire partie de cette communauté apporte beaucoup à ses membres : au niveau du développement personnel, de l’appartenance à un groupe ou encore le fait de rejoindre un réseau composé d’entrepreneurs à succès et de gens éduqués, mais fichtre au bout d’un moment je sature !
Quand je m’en vais à l’issue de la première soirée, je me trompe de chemin et m’en vais dans la mauvaise direction. Pas si grave que ça : je croise un groupe de femmes. L’une d’elle me montre de loin à ses amies et elles poussent comme un petit cri de surprise mêlé à de l’appréciation : visiblement la vue de ce jeune blanc dynamique marchant en costard dans les rues de Đà Nẵng ne les laissent pas indifférentes. Elles me gratifient donc toutes d’un « Helloooo ! », de quoi ravigorer un peu plus mon égo, pourtant déjà gonflé précédemment par les habitant(e)s de ce pays qui commence décidément à me plaire de plus en plus !

Même s’il y aura eu quand même pas mal de moments assez ennuyeux, ce week-end aura aussi été prétexte à se rassembler et faire la fête. Et quand on est Vietnamien quoi de mieux pour ça que :

  • Prendre des photos de groupe. Des dizaines, des centaines, que dis-je, des milliers de photos de groupes ! Avec toutes les combinaisons de gens possibles : tous les LP ensemble, non tous les Chair Persons ensemble, ok maintenant tout le monde avec NP (le National President du Vietnam). Les Vietnamiens, en bons asiatiques qu’ils sont, adorent prendre des photos de groupe. J’ai donc décidé de vivre l’expérience à fond et jouer le jeu autant que je pouvais
  • Faire des sessions de karaoké pardi ! Les Vietnamiens en raffolent ! Peu importe s’ils chantent faux ou juste, tout le monde y va de sa chansonnette. Certains se sont même parés d’habits traditionnels pour l’occasion : on ne blague pas avec le karaoké !

En parlant d’habits traditionnels, petite dédicace à la maitresse de cérémonie tout au long de l’évènement qui aura su rester très pro, et surtout extrêment chic. Sur ces photos (un peu zoomée désolé je pensais que le photographe officiel prendrait quand même une photo d’elle vêtue ainsi), elle porte le áo dài (prononcer ao yay), l’habit traditionnel vietnamien que je trouve superbe. Il faut dire aussi qu’elle le porte plutôt très bien. J’avoue avoir été trop timide pour demander une photo avec elle, mais je me suis promis que si l’occasion se reproduisait, alors je n’hésiterai pas !

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  • Distribuer des goodies : des tonnes de goodies ! Je ne sais pas si ça a trop à voir avec faire la fête mais les membres organisateurs des évènements JCI se débrouillent souvent à merveille pour dénicher tout un tas de cadeaux à leurs invités ou de goodies dans les différents évènements qu’ils organisent.

Pour résumer cet évènement, je dirais que même si j’en arrivais à saturation d’entendre le mot JCI et de devoir me coltiner la liste des invités et leurs titres en boucle, ça aura été un super week-end. Tout le monde a été tellement gentil et attentionné avec moi, de quoi me conforter à l’idée de participer à d’autres évènements JCI si j’en ai l’occasion, tant qu’il ne s’agit pas que de réunions.

MAGIC IN THE AIR

Tout petit aparté mais bon c’est quand même drôle alors j’ai le droit. De toute façon ici c’est chez moi donc je fais ce que je veux !

Tout ça pour dire que Đà Nẵng est une destination balnéaire populaire auprès des Vietnamiens. Mais étant en réunion tout le week-end et n’étant resté là-bas finalement que trois jours, je n’ai pu aller à la plage qu’une seule fois.

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Complètement anecdotique donc d’évoquer cet aspect sauf que pendant ma baignade j’ai pu entendre « Magic in the Air » de Magic System, jouée sur les enceintes d’une scène près de la plage. Entendre cette chanson à cet endroit, ça avait effectivement un petit côté magic, on va pas se mentir.

AUTOUR DE LA TABLE

Ce week-end aura aussi été l’occasion de partager des moments sympas, autour de la table (pour changer jusque là !). D’abord, avec le groupe de LP Mỹ (la Local President de South-East Saigon), nous sommes allés le soir dans un bar. Après notre cocktail, vers environ 1 heures du matin, ils ont voulu aller manger un petit casse-croûte à l’extérieur, en bons Vietnamiens qu’ils sont. Je vous l’ai sûrement déjà dit mais au Vietnam c’est la culture de manger à l’extérieur et dans la rue. Ils me proposent donc d’aller manger un banh mi. Moi à la base je pensais qu’il s’agissait du sandwich typique, mais non, je découvre une nouvelle variation du banh mi, servi avec des oeufs et de la viande, le banh mi (qui signifie pain) servant ici à saucer. Plus tard encore, dans le delta du Mekong, j’aurais l’occasion de goûter encore une nouvelle variation. Mais ça c’est pour une autre histoire.

Autre fait marrant, dans le taxi qui nous ramène, Hue, l’un des membres du groupe me dit qu’il a été en classe avec des belges pendant sa scolarité aux Etats-Unis. Il est donc capable de me sortir des (très) grosses et vulgaires insultes en français que je n’oserais pas écrire ici, ce qui m’amuse quand même au plus haut point tellement la situation et son accent français sont improbables.


J’ai aussi été convié à manger au restaurant avec différents invités de l’évènements : les malaisiens et l’invité japonais. Au menu du jour : du mì quảng (le plat que j’avais déjà goûté chez LP Nha mais avec de la viande cette fois-ci), et tout un tas d’autres choses dont j’ai perdu le nom en route.

Fait marquant de l’évènement, je semble être plus doué que mon confrère de table nippon pour rouler mon rouleau de printemps : une petite victoire pour le vieux continent sans aucun doute.