Bien Hoa : séjour en famille

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Une fois rentré de Đà Lạt , j’ai eu la chance de pouvoir séjourner à Biên Hòa chez les parents de mon amie Giang.


De quoi expérimenter véritablement la vie à la vietnamienne. Le moins que l’on puisse dire c’est que cela aura été une tranche de vie unique, riche en expériences culinaires et pendant laquelle j’ai été (trop ?!) gâté et chouchouté !

Au coeur de ce doux foyer, 4 personnes composent la famille de Giang :

  • Thái : le père
  • Mai : la mère
  • Giang : la grande soeur
  • Thao : la petite soeur
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Thái est retraité, ancien ingénieur dans l’aviation de l’armée. Mai est aussi à la retraite mais continue de travailler dans une entreprise de fabrication de vêtements (le fameux Made in Vietnam). Giang travaille pour une entreprise de traitement de données informatique et Thao pour une société de mise en relation B2B, enfin en tout cas c’est ce que j’ai cru comprendre. Pour la petite histoire, les parents ont à l’époque reçu gratuitement le terrain sur lequel se trouve leur maison. Thái était ingénieur pour l’armée et le régime offrait, à toutes les personnes de ce type de profession qui se mariaient, le quota maximum auquel pouvait prétendre un citoyen, c’est à dire un terrain. Comme quoi le Parti ça régale aussi des fois.
La maison comporte des éléments typiques du Vietnam comme par exemple un salon en bois. J’avoue n’avoir jamais compris ce délire parce que c’est pour sûr bien moins confortable qu’un canapé classique et apparemment plus cher. Bon on est pas là pour juger, mais si on l’était on pourrait dire que c’est pas le meilleur choix possible en terme de mobilier pour se relaxer confortablement.

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Les Vietnamiens raffolent tellement des 2 roues qu’on en trouve même… dans la cuisine ! Bon en fait c’est parce que la famille a récemment fait l’acquisition d’une voiture et que de facto il n’y a plus la place dans le garage (déjà encombré de deux autres deux-roues et de ladite voiture). Cela dit, pendant mon précédent voyage au Nord du Vietnam, j’avais pu voir qu’il était très fréquent que les Vietnamiens rentrent leurs précieux deux roues directement dans leur salon, histoire de ne pas se les faire piquer.

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Le salon c’est aussi l’endroit pour se détendre. Et pour cela, pourquoi ne pas regarder la télévision ? Les trois premières chaînes sont celles du Parti (communiste bien entendu) : les journaux télévisés, leurs reportages sur des sujets militaires et leurs présentatrices en uniforme me font un peu penser à la Corée du Nord.

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Ce qui n’est pas forcément pour me déplaire puisque ceux qui me connaissent bien savent que j’ai une petite fascination pour ce pays, tant que ça reste de loin bien entendu.

BALADES DANS LA VILLE

Le truc que je n’aime pas trop avec les grandes villes vietnamiennes, c’est que ce n’est pas le plus agréable pour se promener en marchant. Il y a beaucoup de deux-roues (donc ça pue !), et les trottoirs sont souvent en piteux état. On me dit alors qu’il y a un grand parc juste à côté de la maison. De quoi ? Ah non, fausse alerte, je n’ai pas le droit d’y rentrer : je suis étranger et c’est un terrain militaire. Les Vietnamiens eux-mêmes doivent y laisser leur carte d’identité s’ils y rentrent.

Du coup ma réaction : bien_hoa_34

Ceci étant, j’ai quand même eu l’occasion d’aller dans un endroit assez sympa. Bon il fallait payer l’entrée (beaucoup de choses basiques pour moi sont payantes au Vietnam), mais c’était pas si mal. À mon arrivée dans le parc, je suis même salué par un père de famille Vietnamien :

Bửu Long vous souhaite la bienvenue !

Au fil de mes balades à Bien Hoa j’ai pu voir des choses qui m’ont intrigué ou amusé :

Un coiffeur en pleine rue
L’homme qui prie est en train de bruler de la fausse monnaie en guise d’offrande, devant la nuée inéxorable de deux-roues motorisés
Même ici la France n’est jamais loin !
Le rayonnement de notre région à travers le vin est décidément mondial

ALLONS FAIRE DES EMPLETTES

Un jour Mai me propose d’aller au marché avec elle pour y faire quelques emplettes. J’accepte volontiers : je suis très friand des marchés tant qu’on y vend de la nourriture et pas des trucs ennuyeux comme des vêtements. Il faudra donc se lever tôt : aucun problème pour moi. Ceux qui me connaissent, une fois encore, savent que je suis plutôt du genre à dire au soleil qu’il est grand temps de se lever, parce que j’en ai marre d’attendre plus longtemps qu’il commence à faire jour. Nous partons donc de bonne heure et je retrouve une Mai habillée typiquement à la façon des femmes vietnamiennes : c’est-à-dire couverte de la tête au pied, se cachant le plus possible de ce soleil brûlant. Les marchés sont très vivants, avec beaucoup de bruits et d’odeurs (la viande crue en plein air c’est quelque chose). Certains marchands tirent une tête un peu surprise quand ils voient la mienne : j’imagine que c’est assez rare qu’un étranger vienne à cet endroit.
Un truc que j’aime moins, c’est que beaucoup de gens font leurs courses en deux-roues (oui ça me traumatise un peu vous l’aurez compris), et donc ça encombre un peu la circulation dans le marché à mon goût. Comme tous les matins, Mai achète des légumes, de la viande et du tofu, avec en plus ce jour-là des feuilles de riz pour faire des rouleaux de printemps.

Une fois nos produits achetés, nous pouvons alors les utiliser pour en faire de délicieux petits plats. Cette fois-ci au menu du jour : des Bò lá lốt. Traduisez par bœuf aux feuilles de vigne. Une farce de boeuf émincé, ail, poivre, sel, sauce de poisson, le tout roulée dans une feuille de vigne, que l’on fait ensuite frire. L’huile n’y reste pas accrochée et ce n’est pas vraiment gras. Une de mes meilleures découvertes culinaires dans ce pays, à coup sûr !

D’ailleurs les feuilles de vignes proviennent directement du jardin sur le balcon de la maison. Climat tropical oblige, toute une variété de plantes vertes est cultivée par la famille sur le balcon et dans la petite arrière-cour.

Une fois j’ai chopé des gros coups de soleil aux cuisses parce que je n’avais pas anticipé que le soleil taperait si fort dessus pendant une longue balade en scooter. Pas de problème, il n’y a qu’à se servir en aloe vera dans le jardin ! Terriblement pratique et la première fois pour moi que je vois cette plante.

À TABLE !

Quand je disais que j’ai été chouchouté, c’est parce que Mai est restée spécialement à la maison, entre autres pour pouvoir cuisiner. Elle tenait en effet à ce que je puisse goûter le maximum de choses possibles pendant mon séjour. Il y a pire comme traitement envers ses invités !

Petit aperçu de ce que j’ai eu la chance de pouvoir goûter pendant ma tranche de vie à Biên Hòa :

Déjeuner typique avec l’incontournable riz, du bouillon (appelé cánh), des concombres, du tofu frit et… des bols et des baguettes bien sûr !
Miến gà : nouilles de verre au poulet et aux champignons
Bánh cuốn (en bas à droite) : des galettes de riz à la vapeur, fourrées à la viande et aux champignons noirs. Un de mes mets vietnamiens préférés de tous les temps !
Cơm tấm đặc biệt : riz brisé avec des oeufs. Quand on commande à emporter les liquides sont souvent conditionés dans des sacs plastiques
Canh bí thịt băm : soupe de gourd avec du porc haché
Cơm tấm đặc biệt : riz dit brisé avec des oeufs et de la viande grillée
Bánh xèo : pancakes vietnamiens

Et du côté des fruits/légumes/plantes :

Quả mâyw (le salacca)
Des oranges… vertes !
Bambou séché, généralement utilisé dans les bouillons (comme les nouilles de verre ci-dessus)
Na : un fruit très sucré, à la texture épaisse et… qui a un littéralement un goût de bonbon
Bánh bò : génoise sucrée et moelleuse, fabriquée à partir de farine de riz, d’eau, de sucre et de levure

Puisqu’on en est à parler nourriture (sujet profond et sérieux vous l’aurez compris), pour fêter les 52 ans de Mai, j’ai décidé d’inviter toute la famille au restaurant, grand prince que je suis. Mon choix s’est tout naturellement porté sur l’enseigne Kichi Kichi, que j’avais déjà eu l’occasion de tester pendant mon premier séjour.
C’est un peu comme un restaurant à sushi avec un rail, sauf que là, il s’agit d’un hotpot, c’est à dire une sorte de fondue chinoise, pour ceux qui connaissent. Au centre de la table se trouvent des receptables à bouillon dans lesquels on fait cuire les différents ingrédients. Au début du repas, on précise quel type de bouillon on veut (épicé, aux champignons, etc) et il ne reste plus qu’à se servir parmi tous les ingrédients qui défilent sur les rails. Ça nécessite un peu de coordination générale et surtout un guetteur à l’affut, toujours alerte pour repérer un peu en avance les pièces désirées qui vont apparaitre sur le rail devant nous, histoire qu’elles ne nous passent pas littéralement sous le nez.

Une autre fois, on m’a emmené dans un boui-boui un peu secret. Je dis un peu secret parce qu’il est bien caché et que je pense que je ne l’aurais jamais trouvé tout seul. J’embarque avec Giang sur le scooter tandis que Thao nous y rejoint à vélo : performance à saluer, déjà parce que les vélos sont assez rares dans ce monde peuplé de deux-roues motorisés, et ensuite parce que faire du vélo avec le masque ça n’a pas l’air si facile non plus. Après nous être faufilés dans un dédale de rues, nous atteignons finalement ce petit restaurant de nouilles végétariens. Bon c’est sûr ça ne paye pas de mine et ça ne résisterait pas plus de trois minutes à inspection du service sanitaire français (comme l’immense majorité des bouis-bouis ici), mais c’était très bon et vraiment très bon marché : 30 000 dongs, soit 1,28 € le gros bol de nouilles.

Mais Benji, mais pourquoi donc choisis-tu de parler spécialement de cet endroit me direz-vous ? Eh bien tout simplement parce qu’il y a une anecote liée, un détail qui me fera toujours rire. Voyez-vous, j’ai commandé des nouilles Hủ tiếu mì khô, c’est à dire des nouilles « sèches ». En fait quand on commande des nouilles : on a le choix d’avoir du bouillon ou non. Moi je commande toujours avec du bouillon mais cette fois-ci on m’a incité à les prendre sèches, histoire de goûter la différence. C’était très bon, mais moi de mon côté je préfère quand même les manger avec du bouillon. Thao s’est donc levée pour aller demander au vieux monsieur qui tient le restaurant si on pouvait se reservir du bouillon. Mais sapristi, voilà que ce dernier n’était plus derrière son comptoir. Après avoir attendu un peu et demandé aux quelques autres clients où donc était passé le chef, on l’a finalement entendu un peu plus loin à l’angle de la rue, dire à Thao qu’elle pouvait directement rentrer pour se servir toute seule. Un moment tout simple mais du jamais vu pour moi, et ça va pour sûr continuer à me faire rire pendant bien des lunes.

NOIX DE COCO À GOGO

Un jour j’entends du bruit à la fenêtre. Curieux, je passe la tête et je vois ça :


Un marchand ambulant de noix de coco ! Les marchands ambulants, c’est vraiment une des particularités du Vietnam que j’aime beaucoup. Je sors donc dans la rue et observe Mai en train de marchander avec le vendeur ambulant. Ce dernier transporte deux types de noix de coco différents : des vertes et ~~des pas mûres marrons~~. Les marrons les plus grosses sont cuisinées, les plus petites utilisées pour leur jus. Les vertes sont quant à elles aussi utilisées pour leur jus mais ne sont pas aussi douces et sucrées que les marrons.

Une fois le marchandage et la transaction effectués, il est temps pour nous de se rendre dans l’arrière-cour et de faire parler le coupe-coupe. La mission consiste à trancher les noix de coco en deux, puis à curer les vertes à la cuillère pour en extraire la partie blanche. On peut ensuite se faire un petit cocktail tropical à base de jus de coco, de la partie blanche et de bloc de glace. Délicieux !

POUR MOI BIÊN HÒA C’EST…

  • La gentillesse et l’attention de tout le monde au sein du foyer qui tenait absolument à ce que non seulement je sois le plus à l’aise possible, mais aussi à ce que je goûte à un maximum de plats typiques
  • La tête surprise et interloquée des amis ou voisins de la famille quand ils passaient à l’improviste et me voyaient dans la maison, couplée avec l’air surexcité à mon égard des enfants qui jouaient en permanence devant la maison
  • La découverte pour Mai de l’application Google Translate qui permet de parler dans le téléphone pour que ce dernier affiche la traduction : elle ne parlant pas anglais et moi très peu vietnamien, ça nous a permis de communiquer tous les deux. D’ailleurs anecdote amusante à ce sujet : elle a partagé sa découverte avec une marchande de fruits. Cette dernière a un beau-fils Malaysien et se désespérait de ne pouvoir communiquer facilement avec ce dernier. Quand elle a découvert Google Translate, elle était tellement contente qu’elle en a offert tout plein des fruits à Mai. Comme quoi la technologie ça a aussi du bon.