Light Project : et la lumière fut !

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Quand j’étais chez Nha , je lui avais fait part pendant le dîner de ma curiosité concernant le JCI et notamment des actions locales envers la communauté. En tous les cas n’importe quoi tant que cela n’implique pas des réunions : après tout j’étais en vacances à ce moment-là. Il m’avait dit que ça tombait bien puisque le week-end suivant avait justement lieu un événement.
Le rendez-vous était donc pris.

LA LUMIÈRE AU BOUT DU (LONG) CHEMIN

Samedi matin, 5 heures, nous attendons donc autour du lac de Đà Lạt que Nha vienne nous chercher en voiture. C’est avec environ 30 minutes de retard que Nha arrive, non sans s’excuser encore et encore. La voiture est conduite et appartient à Dung (à prononcer Yung), ou plutôt Director Dung, du titre JCI de ce dernier. A ma petite surprise il s’agit d’une Peugeot. Ici j’ai constaté que Peugeot est une marque assez répandue. Le seul hic est qu’il est un peu difficile de trouver des pièces détachées et qu’apparemment les finitions ne sont pas aussi bonnes que les modèles vendus en Europe.
S’ensuit un trajet en voiture qui me parait interminable, même si je parviens quand même un peu à dormir. Je n’avais en fait pas percuté mais il y en avait pour presque 4h30 de trajet ALLER. C’est donc ça qu’ils appellent « communautés locales »… Je vois. Après un arrêt petit-déjeuner histoire de couper le voyage en deux et de manger un phô Bô (nouilles phô au bœuf), nous reprenons la route. Je suis suffisamment réveillé pour discuter avec les occupants du véhicule.

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Etant donné que tout le monde parle anglais (ce qui n’arrivera pas tout le temps pendant mon voyage au Vietnam), on peut parler de tout et de rien et échanger autour de nos vies respectives. La chose que j’ai retenue c’est qu’ils m’ont dit que bien que l’on n’en voit que très rarement, il faut faire gaffe aux policiers sur la route. Apparemment ces derniers aiment bien arrêter les automobilistes pour trouver n’importe quoi à leur reprocher. Nha et Giang me racontent qu’il leur est arrivé une fois d’être retenu par des policiers. Ce qu’ils ont alors fait c’est de communiquer entre eux uniquement en anglais. Au bout d’une demi-heure les policiers ont abandonné et les ont laissé partir. J’essaierais de m’en souvenir même si pour sûr je ne veux aucun ennui ici avec la police ni l’armée : ils ont une allure qui me fait flipper, je dois bien l’avouer.

Nous arrivons enfin dans la commune de Đồng Nai Thượng, située dans la province de Lâm Đồng. Quand on regarde la carte c’est assez loin, suffisamment loin pour qu’en fait ce soit le JCI East Saigon qui pilote et soit à l’origine de ce projet. Le JCI Đà Lạt est venu se greffer par la suite.

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Quand nous arrivons, je peux remarquer que des membres d’autres chapitres sont présents : c’est facile, vous pouvez les reconnaitre à leurs polos. Le chapitre de Đà Lạt porte des polos verts, celui de East Saigon des bleus, une membre d’Hanoi qui est en visite arbore un violet et moi-même je porte le polo JCI national à la couleur rouge et l’étoile jaune.

THE LIGHT PROJECT

Il est temps de parler de la mission à effectuer. Le projet s’appelle « The Light » et le but est d’installer des petits panneaux solaires à des habitants qui n’ont pas d’électricité. Mais avant d’aller plus loin dans le projet, JCI et Asie obligent, nous entamons une petite série de photos de groupe avec des banderoles. Les membres du JCI adorent prendre des photos de groupe. En général, l’étiquette veut que plus le membre est important, plus il se trouve au centre.

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Après cette petite pause photographique, un des membres du JCI se lance dans l’explication du fonctionnement des panneaux et de la marche à suivre pour les installer sur le toit.

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Tous les membres du JCI écouten les instructions de façon attentive
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LP (Local President) Hoà d’East Saigon en mode multi-tâches

Cela ne semble pas trop compliqué et il est déjà temps d’enfourcher un deux-roues pour se rendre chez l’habitant. La route est en une piste de terre rouge et nous avons du mal à tenir l’allure avec Hưng, le membre du JCI qui nous accompagne et ouvre le chemin : vous le voyez en tout petit avec son polo bleu sur la photo.

Nous atteignons finalement la maison des gens chez qui nous devons installer le panneau solaire.

Je pense ne pas me tromper en affirmant que ce sont véritablement les gens les plus pauvres chez lesquels je ne sois jamais allé jusque-là.

VOYAGE HORS DU TEMPS

De prime abord, je n’avais après tout pas l’impression que les Vietnamiens pouvaient être aussi pauvres que ça, étant donné que je ne connais que des gens membres du JCI, qui sont le plus souvent éduqués et relativement aisés, voire très aisés car propriétaires de commerces prospères et florissants. Nous patientons environ une vingtaine de minutes avant d’entamer l’action parce qu’Hưng , avec ses yeux de lynx Vietnamien a aperçu un panneau solaire déjà présent sur le toit de la maison devant laquelle nous nous trouvons. Au téléphone, il cherche à avoir confirmation qu’il se trouve au bon endroit. Ok c’est validé, nous pouvons donc monter sur le toit. Enfin nous, je veux plutôt dire Giang et Hưng. Moi je fais le choix avisé de rester sur le côté : il faut bien en effet que quelqu’un documente l’action pour que le JCI puisse faire la promotion de ses projets. J’avoue aussi que je n’étais pas méga partant de monter sur un toit en tôle et de ne potentiellement rien comprendre aux instructions en vietnamien que l’on pourrait alors me donner.
Tel un reporter de guerre dans un pays en paix, je documente donc l’action sur le côté de la maison. Le père de famille se tient près des acteurs principaux et leur donne des conseils pour monter sur le toit. Le reste de la famille, les grands-parents et toute une ribambelle de filles attendent assis à l’ombre.

Ah oui j’ai omis de dire que là nous avons quitté Đà Lạt et donc il fait de nouveau environ 8000 degrés. Je porte un polo et un pantalon de jogging noir et je regrette quelque peu ce choix vestimentaire. On m’avait conseillé de porter un pantalon, car on ne sait jamais il pourrait y avoir tout plein de moustiques, mais j’en viens à me demander si je ne préfère quand même pas les moustiques à cette chaleur. J’insiste aussi pour dire que l’endroit où nous sommes est vraiment vraiment très reculé et vu la tête que les petites filles ont faite quand elles ont vu la mienne, je ne serais pas surpris d’apprendre que cette fois-ci je suis véritablement le premier étranger blanc qu’elles rencontrent.
Après 25 minutes à subir le cagnard sur le toit en tôle (enfin eux pas moi), le panneau est finalement installé. Nous nous rendons donc à l’intérieur de la maison pour vérifier son bon fonctionnement. Non seulement il fait encore plus chaud dedans que dehors (c’est dire), mais en plus je n’ai littéralement jamais vu une maison aussi pauvre. Il n’y a rien du tout, presque aucun meuble. J’entrevois une autre pièce au fond qui doit servir de garde-manger/dortoir mais qui ressemble selon moi davantage à un poulailler.

Sur les murs se trouve une combinaison insolite de portraits militaires de l’époque du grand-père, d’Ho Chi Minh, et de Jésus et Marie.
Un véritable voyage dans le temps.

Le panneau fonctionne enfin. Nous donnons également des adaptateurs pour téléphone et le père de famille en profite pour recharger son smartphone. Je dois dire qu’à ce jour le paradoxe entre le fait qu’ils aient l’air si pauvres mais qu’ils possèdent quand même un smartphone me vrille un peu le cerveau, mais je n’ai pas osé demander le pourquoi du comment.

Et la lumière fut !
Photo de groupe inévitable pour fêter ça !

Nous nous apprêtons à partir quand le père de famille tient absolument à nous faire un petit cadeau : une branche entière de canne à sucre.

Comme nous sentons qu’ils semblent en avoir davantage besoin que nous, nous offrons avec Giang les paquets de biscuits que nous avions emportés pour le voyage.

Il est temps de dire au revoir et d’aller manger notre banh mi en guise de déjeuner dans un petit café non loin. Une fois sur place, Hưng peut nous découper des petits bouts de cannes à sucre afin que nous puissions déguster notre cadeau en nature. Hưng utilise des outils typiques dans la cuisine Vietnamienne : une sorte de hachoir et une planche à découper en bois ronde. Le tout pendant que d’autres membres dans le fond sont en train de se relaxer dans un hamac, tout en encaissant l’étouffante chaleur qui règne. Comme beaucoup d’endroits ici, le café n’a pas de murs extérieurs et possède uniquement un petit ventilateur en guise de clim’.

Puis vient le moment de repartir pour un (très) long voyage retour pendant lequel j’ai dû lutter pour ne pas m’endormir : je commençais à ronfler et j’en avais un peu honte. Pauvre de moi. À un moment donné, Director Dung arrête sa voiture près d’une épicerie et de vendeurs avec des petits stands sur la route. Le moi tout zombie sort alors de la voiture histoire de voir ce qui se trame. La chaleur de dehors contraste vivement avec le frais de la clim de la Peugeot de Director Dung.

Nha tout sourire m’explique qu’ici c’est l’endroit où l’on peut trouver des durians de bonne qualité et pas chers. Pour ceux qui n’ont jamais vu de durian (la chance ?!), c’est un gros fruit qui ressemble un peu de loin à un ananas, mais qui dégage une odeur qui, n’ayons pas peur des mots, pue véritablement la mort. A tel point qu’une fois, dans un restaurant, j’ai pu sentir quelqu’un à plusieurs tables d’écart qui en avait ramené toute une poche. Mais ça, ça concerne le moi du futur. Pour le moi du présent tout zombie, c’est le moment de croquer pour la première fois dans un durian. La texture est épaisse, presque comme de la viande.

Finalement je trouve que ce n’est pas mauvais et cela fait beaucoup plaisir à Nha, qui me dit qu’en général il n’y a pas de juste milieu : soit ça passe soit ça casse.

DA LAT MON AMOUR

Le soir venu vient enfin le moment de se poser. Pour l’occasion nous avons tous rendez-vous dans une villa que louent des membres du JCI. Et comme on est à Đà Lạt et que tout le monde ici semble aimer la France, pourquoi ne pas l’appeler ainsi ?

Pour le dîner, les membres du JCI ont commandé de quoi faire un barbecue via l’application Grab, omniprésente en Asie du Sud-Est car terriblement pratique. Tout le monde est ravi de la journée, et trinque allégrement. Oui, comme chez Nha, je peux confirmer maintenant que les Vietnamiens adorent trinquer à grands coups de « một, hai, ba, dô » (traduisez par : un, deux, trois, tchin), et renouvellent le processus toutes les deux ou trois minutes, le temps que quelqu’un se chauffe pour trinquer de nouveau. J’ai aussi l’occasion de goûter du poulpe cuit au barbecue. Plusieurs personnes me regardent et attendent ma réaction : cette fois-ci je n’aime pas. C’est la première fois que je n’aime pas un aliment pendant mon voyage, ça va, le ratio est encore largement positif. Je retrouve également Tram qui nous a rejoint et nous pouvons ainsi discuter et apprendre à mieux nous connaître.

Santé !

J’ai passé une excellente soirée, d’autant plus que beaucoup de personnes font l’effort d’essayer de m’inclure en parlant anglais entre eux. A l’issue de cette longue journée je retiens que les membres du JCI sont des gens très impliqués et motivés : ils sont tous bénévoles, ont un travail à côté et même paient pour participer aux évènements. Ils n’hésitent pas non plus à faire beaucoup (trop ?) de réunions en visioconférence pour les différents besoins de leurs chapitres. Ce qu’ils trouvent dans le JCI au bout du compte :

  • Des gens qui partagent les mêmes valeurs humaines
  • Cela leur permet de créer des réseaux d’entrepreneurs : c’est aussi le but du JCI
  • Cela permet aussi de gagner de la confiance en soi et de l’expérience aux plus jeunes : s’exprimer en public, gérer des groupes, démarcher des sociétés et banques pour obtenir des fonds et du matériel, etc.
  • Ils peuvent aider leur communauté de façon concrète

Finalement même si le trajet était 1000 fois plus long que l’action elle-même, chaque minute de cette journée en aura assurément valu la peine !